Témoignages d’ici
Le Covid-19 et ses conséquences nous mettent face à des ruptures sans précédent pour toutes celles et ceux qui les vivent. Ruptures avec le quotidien, avec nos proches, avec nos liens sociaux, et pour beaucoup avec le travail. Rupture dans le fonctionnement même du système économique.
Des expériences inédites naissent de cette situation. Nous apprenons des gestes solidaires, nous soutenons les personnes qui s’épuisent à tenter de nous soigner, nous pensons à nos proches malades ou qui pourraient l’être. Mais nous découvrons aussi la petitesse de nos logements lorsqu’on ne peut les quitter, la précarité du chômage ou de l’absence totale de moyen de subsistance, la violence que représente le fait de continuer de payer un loyer. Une certaine conscience des responsabilités du système capitaliste et des gouvernements dans l’émergence puis la gestion de cette crise semble croître chez toujours plus d’entre nous. Alors même que nous sombrons dans une crise sanitaire, le maintien à tout prix des profits passe avant la santé des personnes obligées de se rendre au travail. Quand on ne sait même pas de quoi sera fait demain, se multiplient déjà les signes qui annoncent que pour sauver les profits, c’est nous qui paierons la note.
Voici des témoignages d’humains qui agissent au mieux face à la confusion, l’absurdité et l’aberration de certaines directives. Ces témoignages visent à partager des expériences. C’est à partir de ce partage du sensible et du vécu, que nous pouvons tenter de penser et construire ce qui pourrait être la suite. Si nous sommes à un moment charnière, il nous appartient de renforcer les formes d’agir solidaires qui survivront à cette crise. De cette rupture, va peut-être réapparaître enfin une capacité collective à penser le monde et son devenir. Si rien ne devait plus jamais être comme avant, réfléchissons dès maintenant, partageons, et battons-nous pour lui faire prendre une voie qui soit celle de l’émancipation.
Si vous souhaitez témoigner de situations liées au monde du travail ou à la précarité sociale dans le contexte de la pandémie, prenez contact avec nous:
silure-temoignages@protonmail.com
Parcours dans les centres fédéraux pour requérantEs d’asile en Suisse
Ce récit condense toute l’injustice du système « restructuré » de l’asile en Suisse et de ces centres fédéraux : conditions de vies carcérales, violences des agents de sécurités, dysfonctionnement d’une assistance juridique au rabais directement mandatée par un organisme d’état dont l’obsession est l’accélération des renvois, cynisme des responsables.
Lettre ouverte à la société (par une employée de Swissport Genève)
« La prochaine fois que vous prenez l’avion, pensez donc aux fourmis ouvrières se cassant la santé mentale et les reins, pour un si maigre bout de pain. »
L’accueil des personnes à la rue à Genève: des allers retours en pleine pandémie
« La crise sanitaire fait émerger une urgence étrangement nouvelle : mettre à l’abri les quelques centaines de personnes à la rue afin de contrôler la pandémie. »
Infirmière « Covid » à l’hôpital
« Là, il n’était pas question de rentabilité. Là, c’était le service public. Et ça s’est ressenti. »
« La protection civile c’est l’armée de réserve du capitalisme »
Au moment où il y a eu les premières contaminations de masse en Suisse, chaque personne qui pouvait être astreinte à la protection civile a reçu un courrier à la maison.
Journal de bord d’agentes d’escale à Genève
« J’ai fait un sondage parmi mes potes en leur demandant de répondre à la question : la santé ou l’argent ? »
Sur un chantier pendant le semi-confinement : témoignage audio
« L’économie, c’est comme l’économie de notre patron. Nous on a pas envie d’être demain au chômage, alors faut qu’on continue à bosser pour que le patron il continue à s’en mettre. »
Détenu à Champ-Dollon au temps du Covid
« Et tous les soirs, les gens tapent aux fenêtres, font du bruit… »
Passer la quarantaine dans sa voiture
« Ils m’ont juste dit: Restez chez vous et restez seul. »
Une infirmière avec les mineurs en exil
« Parmi les professionnels, très peu percevaient que ces jeunes souffraient. »
« Faire au mieux » dans les Établissements publics pour l’intégration
« Il n’y personne qui a le courage de prendre les bonnes décisions. »