Suivi des luttes : Novembre 2022
Quelques informations sur l’actualité des luttes à Genève et ailleurs.
#AbasLaGentrificationàlaJonction
Au début de l’automne, la justice genevoise a définitivement attribué deux gigantesques hangars TPG de la Pointe de la Jonction au Baroque, une clique de bourgeois déjà bien établie dans l’événementiel et la restauration pour riches à Genève. Les installations de sport ont été démontées, le site a été fermé et est désormais surveillé par des agents de sécurité. Le Baroque devrait venir s’installer en mars pour construire son projet temporaire des “Halles de la Jonction”, caricature d’un food truck festival pour bobos en mal de consommation. Contre cette appropriation privée et marchande d’un espace public jusqu’ici ouvert à tou.te.x.s et diversifié, plusieurs associations d’habitant.e.x.s du quartier ont organisé un rassemblement sous le seul couvert qui leur est encore dédié. Le soir du mercredi 16 novembre, ce sont environ 80 personnes qui se sont réunies autour d’une soupe et d’un discours clair, répétant leur colère contre le mépris de plusieurs années de concertation populaire qui a nié la volonté des habitant.e.x.s de pouvoir disposer d’un espace non-marchand et accessible pour tou.te.x.s. Une banderole sans équivoque a été hissée sur les poutres du hangar : “Pas de quartier pour le Baroque ! La Jonx est à nous touxtes !” La gentrification de la Pointe de la Jonction ne se fera pas sans résistance. Affaire à suivre…
#1anOccupLaCaf’
Il y a un an, la CUAE avait décidé de passer à l’offensive pour revendiquer des repas à 3 CHF pour tou.te.x.s dans les cafétérias universitaires. Résultat : 2 semaines d’occupation de la caf’ d’Uni Mail, l’obtention de repas à 5 CHF pour les étudiant.e.x.s et de vagues promesses d’internalisation du service. En souvenir de cette lutte, et pour attirer les regards sur la situation actuelle (https://cuae.ch/pas-de-cafitalistes-dans-nos-unis-merci-le-rectorat-de-nous-montrer-la-voie/), le syndicat étudiant a remis les couverts le mardi 15 novembre en occupant le hall d’Uni Mail pour y organiser une méga bouffe pop’. Une centaine de personnes sont venues déguster un taboulé et des gauffres au milieu de canapés et de tables dressées pour l’occasion. Une exposition sur l’émeute anti-militariste de 1995 et une petite musique de fond ont égayé l’ambiance habituellement morne du bâtiment. Mais ce que la CUAE nous a surtout rappelé ce jour-là, c’est que l’espace nous appartient, dès lors qu’on se décide à l’occuper fermement.
#CollectifRefugeesInLybia
Il y a un an, des milliers de réfugié.e.x.s ont manifesté pendant plus de 100 jours devant le bureau de l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) à Tripoli demandant : une évacuation vers des pays sûrs, un traitement plus juste des réfugié.e.x.s de la part de l’Agence en Libye, la fin du financement par l’Union Européenne et les pays européens de la dénommée Libyan Coast Guard et des camps de détention, justice pour celles et ceux qui ont été tué.e.x.s, torturé.e.x.s et arbitrairement détenu.e.x.s et la signature par la Libye de la convention de Genève pour les réfugiés de 1951.
Bien que le sit-in ait été brutalement démantelé et que des centaines de manifestant.e.x.s aient été emprisonné.e.x.s, le collectif Refugees in Libya poursuit la lutte.
Jusqu’à ce jour, des milliers de personnes sont bloquées, exploitées, emprisonnées et tuées en Libye grâce à l’argent européen et sous le regard passif de l’Agence des Nations Unis pour les Réfugiés.
Face à ce contexte, le Réseau Transnational “Solidarity with Refugees in Libya” lance un appel pour deux jours d’action à Genève :
Vendredi 9 décembre 11h : conférence de presse du collectif Refugees in Libya et sit-in devant le HCR (rue de Montbrillant 94) jusqu’à 17h puis déplacement sur la place des Nations
Samedi 10 décembre 13h : Manifestation/départ place des Nations
Rejoingnons-les nombreus.e.x.s ! La solidarité vaincra !
Pour d’avantage d’infos : www.refugeesinlibya.org | www.unfair-agency.org
#LutteColombie
En mars 20022, Sonia Lopez était au Silure pour parler du mouvement social de sa région l’Arauca, et des attaques qu’il venait de subir.
Depuis le 10 novembre 2022 les attaques ont repris, des grenades sont quasi quotidiennement lancées contre des bureaux ou domiciles de militant.e.x.s.
https://mobile.twitter.com/fdhjoelsierra
Dans cette région, le mouvement social est extrêmement fort, profitant et palliant l’absence de l’Etat il a pris en charge des services communautaires (réseau urbain de l’eau, gaz, transport, substitution de la coca, organisation de l’agriculture et distribution de la production, etc.) et ceci ne plait pas à tout le monde. Récemment une organisation armée dite dissidente des Farcs, a annoncé vouloir reconquérir le département et pour ce faire tuer 300 personnes d’ici 2024. L’Etat n’a jamais trop aimé non plus cette forte présence du mouvement social et l’a beaucoup réprimé. L’élection d’un gouvernement de gauche changera-t-il quelque chose ?
Malgré cela Sonia et ses camardes restent présent.e.x.s, leurs activités et mobilisations continuent.
Un docu sur ce que fait le mouvement social est à visonner ici.
#TablerondeViolencesPolicières
A la mi-novembre, Outrage collectif a organisé son festival Paraponera à Genève. Le samedi 12 novembre, une table ronde a réuni 3 intervenantes sur le thème des violences policières. Toutée du collectif Justice pour Ibo, Angela (la soeur de Nzoy) et une membre d’Asile LGBT ont abordé les obstacles mis en place par les institutions pour empêcher la vérité d’émerger. La discussion a prolongé plusieurs réflexions de la table ronde d’il y a deux mois au cinéma Spoutnik (cf lettre d’info du 25 octobre).
Dans le cas d’Ibo, Toutée a insisté sur la revendication d’accès aux vidéos des caméras sur la voie publique. Elle a aussi raconté comment le Réseau vérité et justice a produit une entraide entre les familles, et leur a donné des conseils pour mener leur propre enquête lorsque les procédures traînent en longueur. Toutée a parlé de la mort de Laramy et Moushin en 2007 à Villiers-le-Bel et a montré les nombreux points communs avec la mort d’Ibo, lui aussi percuté au volant de sa moto.
Angela a rappelé le mensonge premier derrière la mort de son frère, quand la police vaudoise avait affirmé qu’elle avait prodigué à Nzoy les premiers soins alors qu’elle l’avait menotté et laissé sans soins pendant 4mn, par terre sur le quai de gare. Elle a aussi dénoncé l’allégation honteuse d’un journal gratuit qui, l’an dernier, avait suggéré que son frère avait voulu un « suicide by cop ». De part et d’autre de la frontière, c’est la solidarité qui est la clé du combat pour permettre à ses affaires de ne pas être enterrées.
#9novembre
L’Action antifasciste Genève et la CGAS ont coorganisé une manif pour les 90 ans de la fusillade du 9 novembre 1932. Il y avait plus de 1’000 personnes et de nombreux fumigènes tout au long du parcours. La banderole de tête indiquait « 1932-2022. On n’oublie pas et on continue le combat ». Nous avions une banderole « Stop violences policières / Stoppt Polizeigewalt. Hervé, Lamine, Mike, Nzoy » pour dire que l’actualité de 1932, ce sont aussi les hommes noirs tués par la police en Suisse ces dernières années. Une brochure “Commémorer ne suffit pas” a été publiée sur Renversé [1], elle est dispo en version papier à l’infokiosque du Silure.
Communiqué AFA Genève : https://www.instagram.com/p/Ck8y7euoEHT/ (15.11.22)
Photo de notre banderole : https://www.instagram.com/p/Ck_5FhOIWGY/ (16.11.22)
#SoutienàJeanDutoit
Le Silure relaye un appel du collectif Jean Dutoit (Lausanne) qui traverse une situation de crise et a besoin de soutien urgent ! Le collectif est né en 2015 et rassemble une centaine de membres originaires de l’Afrique de l’Ouest qui étaient à la recherche d’un toit et un groupe de personnes suisses. Après avoir bénéficié d’une maison à Ecublens pendant 2 ans, des démarches multiples ont été mises en oeuvre pour trouver une nouvelle maison, sans succès. Aujourd’hui, 70 personnes du collectif habitent dans un restaurant désaffecté et insalubre. L’appel à soutien porte sur différents aspects : trouver un nouveau lieu de vie ; collecter de l’argent ; communiquer sur la situation. Tous les détails se trouvent dans cet article. Soutenez les !