D’ici peu, les factures des loyers d’avril tomberont pour tou.te.s les locataires. Face à la crise, combien parviendront encore à les payer ? La survie de la rente foncière ne peut se faire aux dépens deshabitant.e.s. L’Etat s’est empressé de prendre des mesures pour soulager les entreprises, mais qu’en est-il des locataires et de leurs logements? Les mesures prises pour amortir cette crise ne sont destinées qu’à assurer le maintien, coûte que coûte, des activités économiques et du système d’accumulation capitaliste, en laissant pour compte la population. Si cette crise nous fait redécouvrir la solidarité, il faut qu’elle se transforme en redistribution des richesses.
Gel des loyers et des charges pour les logements.
Le secteur immobilier engendre depuis toujours des rendements colossaux et juridiquement abusifs : ce secteur a notamment accumulé des milliards sur le dos des locataires ces 20 dernières années, grâce à la baisse continue des taux hypothécaires (intérêts que remboursent les propriétaires aux banques). Cet argent doit à présent servir à sortir de cette crise en abandonnant la logique du profit, et ce, dès aujourd’hui. Il faut immédiatement mettre en oeuvre un plan de socialisation des profits immobiliers. Plus aucun profit immobilier sur le dos des locataires !
Moratoire du Conseil d’État sur les expulsions locatives et de squat.
Alors que les résiliations de bail risquent de se multiplier pour défaut de paiement lorsque l’argent viendra à manquer, aucune évacuation ne doit être rendue possible par les pouvoirs publics. Le Conseil d’État genevois a le pouvoir et doit ordonner l’arrêt des expulsions locatives pour une période minimale de 5 ans. La crise est le moment d’affirmer une bonne fois pour toutes que le droit au logement passe avant la rente immobilière !
Gérance immobilière municipale, Hospice général, Caisses de pension : Les bailleurs publics doivent donner l’exemple !
Puisque les propriétaires privés et les régies n’auront probablement que faire de la solidarité, il faut accompagner ces mesures par des actes immédiats.
Pour montrer l’exemple, nous exigeons que les bailleurs publics, au premier rang desquels la Gérance immobilière municipale, l’Hospice général, la Caisse de pension de l’Etat de Genève et les quatre fondations HBM annulent, et non pas reportent, l’ensemble des coûts liés au logement dès le 1er avril.
Occupations et réquisitions des hôtels et des lieux vides pour loger les personnes qui en ont besoin dans des conditions dignes.
337’000 m2 de surfaces commerciales sont actuellement laissées vides dans le canton de Genève (chiffres de juin 2019, OCSTAT). Au vu de la crise économique à venir et des faillites qui seront engendrées par celle-ci, ce nombre ne va cesser d’augmenter. Cette logique spéculative, déjà scandaleuse en temps normal, devient aujourd’hui révoltante. Dans le canton, des centaines de personnes vivent dans la rue. Ces personnes trouvent refuge pendant la nuit dans les Sleep-in et dispositifs de nuit. Ces lieux – déjà au bord de l’implosion – subissent aujourd’hui une pression renouvellée due à la pandémie de Covid-19 : les travailleur.euse.s sociaux.ales sont surmené.e.s ; les conditions sanitaires sont défaillantes ; les gens accueillies sont à la rue pendant la journée. La réquisition récente de la Caserne des Vernets par l’Etat montre son incapacité à gérer la crise autrement que par des logiques carcérales et sécuritaires : des dizaines de personnes confinées, contrôlées à grand renfort de policiers et militaires présents sur place 24h sur 24.
Face à l’urgence sanitaire et le manque cruel de logements dignes, aucun immeuble de logement ou commercial ne peut rester vide. Le moratoire sur les expulsions doit s’appliquer à toute occupation, et l’État doit réquisitionner massivement les lieux vacants et les hôtels.
Parce que les propriétaires et les régies ne donneront jamais ce qui ne leur aura été arraché, nous appelons dès aujourd’hui à la grève générale des loyers et à l’arrêt immédiat du travail non essentiel. Que chacun.e.x.s fassent de sa facture de loyer un remède contre la pénurie en cours. Nos vies valent mieux que leur profits !
Le Silure, Maison collective de Malagnou, Mal-logé.e.x.s
PS: Un FAQ relatif aux différents moyens d’action et aux questions juridiques est en cours d’élaboration. Em attendant, si vous avez des questions n’hésitez pas à écrire à silure@riseup.net